Crimson Wink [Terminée]

Une comédienne.
Elle fait semblant de rire, simule les larmes et cache ses expressions sous un masque de grimaces toutes plus extravagantes les unes que les autres. Sa vie pourrait se résumer à une simple mascarade de faux semblants tout aussi bien ridicules que profondément touchants.
A elle seule Crimson pourrait jouer les rôles de gamine insupportable, blonde écervelée et manipulatrice hors pair. Elle aime la tristesse, la joie, la colère... toutes ses émotions venant si facilement à tout être vivant se trouve admirablement bien surjouées par notre petit poney.
Elle pleure pour faire rire, rit pour faire pleurer.
Au fond, celle-ci n´exprime vraiment ses propres émotions qu´en en faisant des tonnes, faisant tout un drame pour un café trop amer et une mise en scène d´une simple bousculade.
Elle aurait pu être clown ou arnaqueuse, elle a choisi d´être comédienne.
Elle voulait être tout et rien à la fois.
Alors les masques se superposent sur son petit visage, ayant tantôt l´expression de la veuve éplorée, du scientifique fou en passant par l´exaspérante marâtre.  
Mais alors, qui est-elle ? Tout et rien. Personne et tout le monde à la fois. Ne croyait pas qu´elle se cache. Crimson s´amuse, manipule, rit, pleure et hurle de colère au grès de ses envies mais ne se cache pas. Curieuse, elle cherche les problèmes, les trouve rapidement, n´arrive la plupart du temps absolument pas à les résoudre et abandonne tout aussi vite.
Elle s´amuse à taquiner et faire souffrir, pour pouvoir consoler et réparer.
La vie est une pièce de théâtre dans laquelle elle veut tous les rôles. Bourreau et sauveur. Héros et méchants. Ami et ennemi. Vie et mort.
Elle aime regarder, fixer, observer. Pour ensuite s´incruster, faire des siennes, râler, pleurer des larmes de crocodiles, et rire un bon coup quand la situation devient grotesque. Puis elle part.
L´acte est fini, place au suivant.
Ne la croyait pas. Jamais. Son nom n´est qu´une mascarade, son soit-disant passé un mensonge et son sourire une adorable façon de montrer sa satisfaction face à votre mine déconfite.
Peut-être vous dira-t-elle un jour son âge sans s´amuser à changer sa date de naissance à chaque nouvelle rencontre, ou bien son nom sans en mélanger les lettres pour un résultat douteux.
Mais notre ponette n´est pas fausse. Du moins pas entièrement... Ce qu´elle pense, elle vous le dira. Parfois. A ça façon et bien souvent de manière trop théâtrale. Impossible de dire si celle-ci est sérieuse ou non devant un visage à l´expression ayant pourtant l´air si naturel. Ces paroles sont à peu près vraies, son visage faux. Dans le doute, ne la croyait pas.
Au fond, se fiche-t-elle vraiment de votre gueule ? Franchement... oui.

Une maniaque. Non vraiment, une maniaque. Si elle l´avait pu, croyez bien qu´elle aurait volontiers donné toutes ses économies pour avoir le pouvoir de virer la saleté. Le cauchemar de ses nuits, son spectre des enfers. Soyez sûr de tout ranger derrière vous, le contraire serait regrettable.
Elle veut la propreté, le rangement, la symétrie parfaite et les couverts soigneusement alignés. La demoiselle ne pique pas de crise, mais rouspète, tape du pied et exigerait que quiconque tacherait son carrelage tout propre devrait se mettre à genoux et nettoyer tout ça avec la langue si on ne voulait pas qu´elle l´y force. De toute façon son carrelage ne risquait pas de contenir toute sorte de maladie vu la manière frustrée avec laquelle elle s´acharne dessus à la serpillère pour le faire briller. N´ayez crainte, lecher son carrelage ne vous fera pas perdre un membre, si ce n´est votre dignité.

Notre poney à beau collectionner pas mal de défauts quant il s´agit de son égoïsme surnaturel ou de son entêtement a toutes épreuves, elle sait sincèrement être douce et tactile. Très tactile. Ne comptait pas sur elle si vous sortez tout droit du grenier plein de poussière ou des égouts marécageux, mais elle distribuerait volontiers de l´amour en sachet si c´était possible.
Ou elle les vendrait... cher. Très cher. L´argent avant tout.

Résumé ce petit poney en quelques mots ? Une gamine maniaque pourrie gatée, tricheuse perfectionniste et menteuse dans l´âme. La frustration à l´état brut et le théatre dans la peau. Oui, retenir le peu de qualité persistant encore sous cette amas d´égoisme se révèle cruellement difficile une fois le personnage dévoilé au grand jour. Au fond, qui y croyait vraiment à la gamine tout sourire au visage d´ange ? Tout le monde, pour son plus grand bonheur.

Une longue crinière écarlate cascade sur son dos et ses petites épaules aux couleurs pales et orangées, la faisant ressembler à un véritable feu de camp aux lueurs du soleil.
Ses grands yeux verts claires expriment tout. Autant une infinie tristesse qu´un immense désarroi. Puis la joie la seconde d´après, s´arrêtant brièvement sur une éclatante colère. Ses yeux suffiraient à eux seul pour décrire son caractère. Ou du moins ce qu´elle prétend être.
Sa bouche rit mais ses yeux pleurent. Les larmes coulent mais ses yeux étincelle de gaité.
Son visage n´est que désordre d´émotion pourtant si claires. Elle pourrait crier et pleurer toutes les larmes de son petit corps, seul ceux qui la connaissent vraiment ne serait dupe face à ses yeux rieurs. Eux ne mentent pas. Du moins pas quand elle le désire.
On lit en elle comme dans un livre ouvert. Mais êtes-vous seulement certain d´avoir ouvert le bon livre ?
Son visage montre ce qu´elle voudrait montrer. Rien de plus. Le petit éclat dans ses yeux n´est qu´une façade et ses larmes de crocodile une mauvaise blague. Sa bouche à beau se relever en un parfait sourire, dur de deviner la plaisanterie de ses audacieuses mimiques de pure comédienne.
Crimson pourrait sourire parce qu´elle est heureuse. Ou bien parce qu´elle se fiche de votre tête
Peut-être même ses lèvres se retroussent-elles naturellement, comme une grimace figée dans la glace.
Mais elle pourrait tout simplement sourire parce qu´au fond, c´est ce que vous désirez.

Elle n´avait jamais voulu être un simple poney. Vraiment. Ces êtres faibles transpiraient l´inutilité et la simplicité. Alors quel ne fut pas son bonheur lorsque sa mère, l´être le plus présent de sa vie lui révela un jour l´identité de son père, jusque là inconnu pour la gamine. Un pégase. Avec un peu de chance des ailes lui pousseraient aussi dans le dos, histoire de l´emmener loin de cette fichue ville et de ses fichus habitants.
Bonheur qui chuta bien vite. Des ailes ? Non. Sa mère lui assura à mainte reprises l´impossibilité pour elle d´en avoir. Elle s´en foutait, les plantes poussent, pourquoi pas les ailes ?

Les poneys sont inutiles et naïfs. Se trouvait-elle inutile et naive ? Non.
Sa mère en ria encore pendant quelques années, la traitant de ''mignon petit pégase'' lorsqu´elle en avait l´occasion tout en s´esclaffant devant la mine dépitée de son unique fille, sa seule famille. Pas de père, de frère et soeur, ni de cousin, oncle ou grands-parents. Mais une mère qui paraissait à peine avoir la trentaine peu importe les années qui passaient, à croire que le temps n´avait déja plus d´emprise sur elle.
Nous sommes seules au monde disait Trinity, sa mère, en riant. Elle riait toujours. A tout moment de la journée, quelque soit le temps ou la situation.
Si tu ne ris pas jeune fille, tu deviendras vieille et ridée plus vite que moi !
Et elle la croyait. Elle la croyait toujours. Sa mère jonglait entre les rôles de parent, de soeur, de tante, de professeur et d´amie sans en éprouver la moindre gène. Trinity avait la connaissance d´un sage, la beauté de la plus parfaite des déesses, les manières d´une gamine et la cuisine d´un véritable chef cuistot.

Tout le long de son enfance, Crimson insista. Je ne suis pas un simple poney !
Tes ailes n´ont pourtant pas poussé jeune fille.
Il faut juste attendre un peu...Ha oui ? oui.
Patience.

Elle voulait être loup pour courir à travers les champs plus vite que n´importe qui.
Elle voulait être vampire pour disposer de longues dents et percer la chair.
Elle voulait être démon et avoir le mauvais rôle, juste une fois. Être elfe et grimper aux arbres les plus hauts pour contempler le monde.
Elle voulait être ange pour illuminer le ciel d´un sourire.
Elle voulait être un pégase ou une licorne, voler au grès du vent et arrêter le temps.
L´hérédité en avait voulu autrement.

Poney. Crimson voulait être plus que ça. Le monde était aussi grand qu´une balle de tennis, elle trouverait bien quelque chose. Sa mère pleura le jour de son départ. Mais elle  ria. On ne change pas les bonnes habitudes.
Je ne suis pas un simple poney Maman.  Ni les mauvaises.
Alors qui es-tu ?
La gamine fit alors ses bagages en promettant de revenir une fois qu´elle l´aurait découvert.

Les deserts lui ouvrirent les bras. Elle voulut être sphinx, gardien des pyramides, et proposer des énigmes sans réponses.
Le sable lui déssecha la peau.

Son voyage la mena des forêt abondantes jusque dans les plaines peuplées de créatures sauvages.
Je serai le Lion, je régnerai en maître et les faibles baisseront les yeux sur mon passage.
On lui annonça que les poney ne battaient pas les lions. Et en effet elle n´en battu aucun.

La terre était une balle de tennis. Une très grande balle de tennis.


Je serai une fourmis. Unique mais jamais seule. Petite mais aussi forte que la montagne.
Cela ne marcha pas non plus et Crimson se retrouva avec autant de piqûres qu´il y avait d´étoiles dans le ciel.

Les années passèrent. Le monde était grand. Si grand qu´elle ne comptait plus ses escales ni ses nombreuses rencontres aussi bien positives que négatives. Bon ok... surtout négative. On ne se fait pas toujours que des amis, surtout quand on s´appelle Crimson.
Finalement elle serait soldat, aussi forte que le plus valeureux des guerriers, poussant des cris de guerre et bravant les dangers. Téméraire certes, mais pas suicidaires. Surtout quand on ne tient pas l´alcool...

Et un Dragon ? Faite de feu et d´or, elle cracherait ses flammes et nicherait dans les montagnes, imposant respect et envie.
Mauvaise idée.

Puisque c´est ainsi décida la ponette, elle ne serait personne. Elle n´avait pas de nom, pas d´âge, pas même de passé. Un mois passa. Puis deux. Finalement elle s´ennuyait.

Elle avait parcouru le monde, visité d´inombrables villes et vu les monuments les plus majestueux. Elle avait maladroitement appris des langues et s´était amusée des différentes cultures. Elle avait ri, pleuré, trouvé l´amour parfois sans pour autant s´attarder.
La balle de tennis n´avais plus de secret pour elle.  Il ne lui restait plus qu´à devenir un simple poney.

Sa mère l´attendait à Ponyville. Évidemment, elle qui savait tout. Elle pleura et ria, et cette fois ci Crimson fit de même.  Alors lui dit sa mère, fascinée par le sourire étincelant de sa fille, as-tu donc trouvé qui tu étais ?
Oui, ta fille.
Pour une fois qu´elles étaient d´accord...