L’air était frais, le vent, vivifiant, le ciel, dégagé et bleu. C’était dans cette atmosphère de début d’automne que Crossfire trottinait nonchalamment sur le pavé de Ponyville. Régulier et monotone, l’écho de ses sabots répercutait sur le vide, la paix intérieure, qu’il ressentait. Jusqu’à présent, la journée se présentait bien. En effet, puisqu’il était en congé ce jour-là, il avait passé l’avant-midi, étendu sur la pelouse en plein cœur du parc de la ville des terrestres, à rêvasser. Il en avait profité pour laisser son esprit vagabonder, libre de tous ses soucis quotidiens.
Cross savait comment apprécier les petits plaisirs de la vie. En fait, il avait appris que l’important était de conserver son cœur d’enfant. Rester curieux et être ainsi toujours étonné par tout, c’était ça le secret. Le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles des arbres, la gracieuse danse de l’herbe ondulant sous le vent, ces cadeaux de la nature savaient assurément soutirer un sourire ébahi au jeune étalon. Lui qui généralement affichait une figure austère, seule la nature avait cette propriété de le dérider si facilement.
De cette manière, à un tel point était-il serein qu’il avait glissé dans les bras de Morphée. Ce n’était qu’en début d’après-midi qu’il se réveilla, bave aux coins de sa bouche pâteuse. Se relevant de son tertre où l’herbe avait parfaitement épousé sa silhouette, Cross s’ébroua, entraînant une minuscule tempête de flocons verts.
Ah! c’est vrai, je dois aller acheter un stock de cidre pour regarnir mon armoire, moi. Je pense que je vais aller faire un tour chez les Apple.
Avec sa destination bien en tête, Fire se mit en route. Il marchait depuis un moment lorsqu’un rapide mouvement dans le coin de son œil attira son attention. En effet, ce qui semblait être un parchemin filait dans sa vision périphérique. Au même moment qu’il remarquait ce papier voler vers cette fontaine, une voix féminine exprimant surprise et impuissance s’exclama.
« Oh non ! »
Faisant volteface, Cross vit la ponette qui avait émis ces mots. La pauvre peinait sous le poids de deux sacs bien remplis, il n’y avait donc aucune chance qu’elle puisse récupérer son précieux document avant qu’il ne soit tout trempé. Sans l’ombre d’une hésitation, l’étalon se lança à la poursuite du dit document. Heureusement qu’il était à proximité de celui-ci, car en quatre cinq enjambées il l’avait rejoint. Avec un léger saut qu’il accompagna d’un battement d’ailes, le jeune mâle arriva à hauteur du parchemin et s’en saisi délicatement de ses dents.
« Gotcha ! »
Avec une once de fierté qui pointait dans sa poitrine, Crossfire se dirigea vers la pégase pour lui rendre sa carte. Lorsqu’il se retrouva devant elle, l’étalon lui tendit le document.
« Je pense que ceci est à vous, mademoiselle. Tout en inclinant légèrement la tête, Crossfire, pour vous servir. »
[HS:Quelle est ta couleur?]